John Anderton (
Cruise), chef de Pre-crime base ses activités sur les visions de trois pythies pré-cognitives. Ces trois cerveaux reliés à de puissants ordinateurs peuvent prédire les crimes. La brigade exploite les visions de ces extra-lucides et arrête les futurs-criminels. Anderton est un jour victime de son oeuvre en se voyant commettre un meurtre. Vite repéré, il doit s'enfuir. S'engage alors une haletante chasse à l'homme.
Comme A.I, Minority report s'inspire d'une nouvelle de science fiction de Philip K. Dick. Spielberg signe là un film noir à la fois d'action et d'anticipation. Il a le mérite de ne pas projeter son oeuvre dans un futur si lointain (2054) et surtout de ne pas bouleverser la physionomie du monde avec des artifices trop avant-gardistes. De nouvelles technologies ont fait leur apparition mais ce monde demeure familier. De ce fait, cette croisade contre le crime, nous rapproche des préoccupations actuelles qui ont en parties animées les dernières élections. Spielberg nous met en garde contre les dangers des technologies qui certes améliorent notre quotidien mais peuvent se retourner contre leurs créateurs et bafouer les libertés individuelles. Souffrant de l'assassinat de sa femme et de son enfant, le projet d'Anderton relève d'une noble quête. Qui n'a pas rêvé d'éradiquer le crime dans le monde? Pourtant, une faille s'est glissée dans ce système trop parfait où la nature de l'Homme reste imprévisible. Pourquoi? Tout simplement parce que le projet est piloté par des êtres humains.
Spielberg, bien que s'offrant la plus grande star de la planète, a su privilégier le jeu d'acteur au service d'un solide scénario somme toute classique sur la fin. Tom Cruise, initiateur du projet, interprète avec brio un flic déterminé mais fragilisé par l'échec de son oeuvre, la perte d'êtres chers et sa consommation de drogues illicites. Exit le maquillage, place aux émotions et aux yeux pochés. Samantha Morton, Max Von Sydow et Colin Farrell lui donnent efficacement la réplique.
Véritable E.T de Hollywood, Spielberg continue sur la lancée de La liste de
dler en s'affranchissant partiellement des dictats financiers. C'est là l'apanage des plus grands. Il nous livre, tout en retenue, une science-fiction personnelle et aboutie dont les prouesses visuelles sont à couper le souffle. Le 2054 de Spielberg reste ancré dans un réalisme technologique et contemporain. Tout l'univers moderne du film repose sur des technologies déjà au stade de l'expérimentation.
Minority Report est une réflexion très juste sur le devenir du monde et sa sécurité, sur le fragile équilibre des rapports entre le bien et le mal, les hommes et les limites de la technologie. L'utilisation des dons de voyance des pre-cogs soulève aussi le problème de la réduction en esclavage de quelques-uns pour le bien-être de la majorité. La complexité des problèmes traités dans cette approche futuriste nous interpelle, nous fascine et soulève les questions similaires de notre temps.
Espérons que les dirigeants de notre monde y trouveront une source de réflexion afin de se pencher sur les dérives parano-sécuritaires et dénoncer les abus perpétrés aux Etats-Unis notament au nom des attentats du 11 septembre 2001. Surtout, évitons de nous en remettre au Bush à oreilles!
Oli