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Quel a été le plus gros challenge pour réaliser "Arrête-moi si tu peux"?
STEVEN SPIELBERG: Nous avons pris du plaisir à le faire et une des raisons est que c'est la véritable histoire d'un garçon qui a vraiment fait tout ça. Ce fut un réel plaisir.

Avez-vous puisé dans votre propre expérience?
STEVEN: Certainement, les gens me rappelaient comment je m'étais introduit dans les studios de cinéma. J'avais réussi à m'introduire parce qu'un vigile avait cru me reconnaître et a fait signe de me le laisser passer et la barrière s'est levée!

Tom, cette histoire n'est-elle pas une belle métaphore sur le jeu des acteurs?
Tom Hanks: Certainement, c'est mon travail. Cependant la différence est que nous redevenons nous-même. Je pense qu'il est primordial que vous y croyiez. Vous vous en tirez à bon compte parce que vous êtes acteur!

STEVEN: Dans la réalité, ce ne fut pas une comédie pure, il s'est vraiment échappé de chez lui. Il avait donc dû s'inventer une vie. Son poursuivant est une figure paternelle en quelque sorte pour lui. En fait c'est une comédie dramatique.

Est-ce vraiment motivant de jouer des personnages réels?
TOM: C'est déjà ce qui s'est passé pour Apollo 13. Il y avait une réplique dans le scénario qui disait ceci: "je ne peux pas te parler, je range mon bureau." Hoover [qui dirigeait le FBI] avait décidé que tous les bureaux devaient être rangé chaque vendredi.

STEVEN: Le vrai personnage était toujours en vie; il est venu sur le tournage et nous a raconté tant d'histoires extérieures au film et je répétais "pourquoi n'est ce pas dans le film?". C'est un long travail en partie dû au nombre de personnes que vous devez contenter.
J'ai d'abord entendu parler de Frank G. dans un show télévisé.
Le personnage de Tom était un concentré d'autres personnages. Après son arrestation, ils ont continué leur relation.

Pour une fois vous jouiez un second rôle. Comment était-ce?
TOM: Je n'avais pas à être présent chaque jour! Ce fut un luxe, un plaisir coupable mais j'étais en mesure de me donner à fond dans mon travail.

Le film a été tourné très vite. C'était un autre challenge, n'est-ce pas?
STEVEN: A cause du sujet en lui-même, oui. Il devait bouger très vite, il a encaissé des cheques dans les 50 états américains et 27 autres pays. Le film fut tourné à toute vitesse car c'était comme ça qu'il vivait.

Tom, cela vous a-t-il déconcerté dans votre travail?
TOM: Non. En tant qu'acteur vous devez recréer ce monde dès que vous apparaissez dans les vêtements de quelqu'un d'autre. Catche me if you can n'est pas le même type de film.

Quelle perception aviez-vous de Léonardo avant?
TOM: Il est très bon. J'avais vu Léo dans le Roméo et Juliette de B. Lurhman. Je pensais que c'était impossible pour des américains de faire ça. En tant qu'être humain, je n'était pas sûre.

Qu'attendez-vous de vos acteurs?
STEVEN: Malgré la technique digitale nous dépendons des acteurs. j'aime les acteurs dans ce film, tout simplement. J'entretiens une relation spéciale avec Tom. Concernant Léo, je pensais que son interprétation dans Gilbert Grape était magnifique. J'ai vraiment le sentiment qu'il a atteint la maturité avec ce film et Gangs of New York. La clef est l'écoute. Les acteurs apportent leurs idées, j'exige qu'il apporte de l'expérience dans le film. Je me tais.

Tom a tout de suite le déclic, il s'introduit très tôt dans la peau du personnage. Léo apprend toujours à naviguer et il tente beaucoup de choses. NOus nous sommes vus pour parler de la manière d'interpréter ce type.

Quant à Christopher Walken, il a un don, il a des muses très étrange quelque part là-haut. C'est le personnage le plus terre-à-terre qu'il ait interprété.

Comment s'est passé le travail avec Nathalie Baye?
STEVEN: Elle jouait dans Rencontre du troisième type. Je la connaissais depuis La nuit Américaine. Elle parlait très bien anglais, mais elle était inquiète.

TOM: Elle dégage tant de grâce et de beauté et de professionnalisme.

STEVEN: Tom devait jouer avec un accent de Boston et Nathalie le faisait à la perfection.

Pour vous c'est la caméra d'abord ou les acteurs d'abord?
STEVEN: les deux. Parfois j'appelle les acteurs sur le plateau pour parcourir le travail à faire et seulement ensuite je place la caméra. D'autres fois, je suis confiant et je leur dit "tu te mets là". Ca marche dans les deux sens.

TOM: Ça nécessite de venir à l'heure. C'est bon d'avoir un réalisateur pour qui je dois tenir mes engagements. Je l'appelle le "grand boss". Chaque réalisateur est différent. STEVEN pense dans la langue du cinéma plus vite que n'importe qui, mais il y a des fois où je travaillais avec des metteur en scène que je ne portais pas dans mon cœur.

Quelle est l'atout principal de Tom?
Son honnêteté est une immense qualité. Il incarne le personnage si vite que j'oublie que je le connais. Très peu d'acteurs ont ce talent.

Pensez-vous qu'il y a une réelle différence quand les réalisateurs écrivent leur films?
TOM: Oh, oui.
STEVEN: Je fait souvent le tour de mes scénaristes pour les remercier. Je me considère comme très chanceux. J'ai la chance de traduire en image. J'ai une flopée de gamins et ça change les choix que vous faites.

TOM: J'ai 46 ans et à lorsque vous avez 26 ans vous pensez que le monde tourne d'une certaine manière. Il y a beaucoup de choses que je ne suis plus prêt à refaire.

Votre fils est aussi acteur, lui donnez-vous des conseils?
TOM: il ne m'a jamais demandé. Que pourrais-je lui dire, "apprends ton texte"?

Quel est le message de "Arrête-moi si tu peux"?
STEVEN: Le crime ne paye pas. J'ai appris qu'un homme avec tous ces talents aide plus de gens lorsqu'il est du bon côté de la loi. Il a pu se racheter, encore plus dans sa vie réelle.

C'est un film élégant et classique dans un sens. Était-ce une façon de faire profile bas?
STEVEN: oui, c'est vrai. Le film de l'année dernière était le plus chargé et le plus visuel. C'était un régal visuel. Ce film est plus une histoire à raconter. Arrête-moi si tu peux est plus une question de performance. Je voulais prendre du recul visuellement parlant. Il n'y avait même pas de story-board.

Vous vouliez déjà nous avertir dans "Minority report"?
STEVEN: Les choses m'ont rendu nerveux au sujet de la technologie. Minority report était un film politique tandis qu'avec "Arrête-moi si tu peux" c'était comme se réveiller comme si j'étais en vacances.

Là vous regardez le passé avec bonheur?
Avec Tom, nous somme toujours inquiets à propos du futur. Le passé est du passé et je suis très nostalgique.

TOM: POur moi il n'y a rien de mieux que les années soixante.

Le générique d'ouverture a été réalisée par une équipe française.
STEVEN: Je pensais qu'ils avaient le style le plus approprié pour ça. C'est mon film le plus coloré depuis "E.T." Je suis très fier du film, c'était comme me réveiller chaque matin à Hawaï.

Allez-vous tourner à nouveau ensemble?
STEVEN: Je ne suis pas censé vous le dire.
TOM: si vous le dite c'est "la chance mal"!
STEVEN: le film aura lieu dans le présent!

Tom, pensez-vous tourner d'autres films, après l'épisode de la série "Band of Brothers"
TOM: Je ne pense pas avoir l'instinct, je m'inquiétais, je ne pensais pas dans la langue d'un réalisateur. Vous devez être un Steven Spielberg et je ne le suis pas. Je pense que chaque acteur devrait s'essayer à la réalisation, c'est si flippant.

Le cinéma est-il une façon d'échapper à la réalité?
STEVEN: C'est la réalité, je dois prendre 500 décisions par jour. Ma femme dois prendre 500 décisions par jour. C'est le travail, le travail est dur. On n'échappe pas la réalité.

Tom: nous adorons ce que nous faisons mais on n'échappe pas à la réalité. Il ne s'agit pas de remettre la réalité à plus tard.

Vous avez mis en route Indiana Jones 4.
STEVEN: nous tourneront en juin 2004 et il sortira en juin 2005.

Vous avez un projet d'adaptation de Tintin paraît-il?
STEVEN: il pourrait jouer le Capitaine hadock! C'est basé sur deux des albums.

Où en est votre travail avec Robert Zemekis?
STEVEN: nous commençons le tournage le 3 février. On tourne sur un plateau et nous le transformeront en un produit informatique.

Parlez-nous des films des frères Coen?
STEVEN: ils sont la voix la plus forte d'Amérique.

Quel est votre film favori parmi les vôtres?
Rencontre du troisième type.

Visionnez l'intégrale de cette interview à la Fnac Digital Paris mercredi 12 février 2003.

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