NI POUR NI CONTRE BIEN AU CONTRAIRE de C. KLAPISCH

En présence de Cedric Klapisch, Marie Gilain, Zinedine Soualem et Dimitri Storoge
  
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 genre: policier (Production: )   Durée: 1h41  Sortie 5 mars 2003


Haut les mains.

  Caty, une jeune fille de 26 ans, travaille depuis quelques années comme caméraman pour le journal télévisé. Elle fait bientôt la rencontre d'une bande de malfrats qui ont besoin de quelqu'un pour filmer leur prochain braquage. Elle accepte leur proposition et découvre la vie de ces charismatiques gangsters. Tentée par leur vie de pacha, Caty devient leur complice, quitte à risquer la prison. Elle accepte même de participer à un dernier gros coup avec la bande : l'attaque d'un dépôt de transfert où sont garés des fourgons blindés remplis d'argent. Caty aura pour mission de séduire le patron du dépôt.

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INTERVIEW DE CÉDRIC KLAPISCH
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Cinéphoto: "D'où vous est venus l'idée de ce film?

Cédric Klapisch - Il y a toujours plein de choses qui font qu'on a envie de faire un film. En fait, un film, c'est une espèce de brouette à désirs. Plein de désirs... de faire un film de genre,
de renouveler le film de gangsters, de franciser aussi, parce qu'il est devenu beaucoup américain, ce genre-là. Puis j'avais envie de renouer avec une tradition qu'on avait en France, que ce soit à l'époque de Pépé le Moko, ou les années 50 avec Melville, et d'essayer d'inscrire ça dans la réalité d'aujourd'hui. Donc, ce désir-là, puis celui de parler de gangsters, de call-girls, de cet univers-là, de placer ça dans le quartier des Champs-Élysées - parce que je me disais que ça faisait un bon moment que ce quartier avait besoin d'être filmé - et à la fin ça devient un film.

Est-il vrai que ce projet vous est venu avant l'Auberge espagnole ?

- En fait, l'Auberge espagnole s'est inscrit pendant que je faisais Ni pour ni contre. Il y a eu un retard de quatre mois pour Ni pour ni contre, qui était lié à des histoires de planning d'acteurs, et je me suis dit que j'avais quatre mois pour écrire et tourner l'Auberge espagnole (Rires) et ça a été vrai. Du coup, j'ai fait les deux films en parallèle, et justement, je pense que j'ai réussi à faire les deux films parce qu'ils ne se ressemblent pas du tout. C'était le but pour moi de changer. J'ai fait le film aussi parce que j'avais envie d'explorer un cinéma que je ne connaissais pas et de bousculer mes habitudes.

- Comment avez-vous fait justement pour explorer cet univers que vous ne connaissiez pas ?

- J'ai vu beaucoup de films. Aussi bien les films noirs que les plus récents, donc ça pouvait être les films de Scorsese, de Tarantino ou des frères Coen... J'ai vu aussi des films plus anciens... Ultime Razzia de Kubrick, Quand la ville dort de John Huston, des Melville... toute cette époque-là. Et puis, je voulais à la fois me documenter sur l'histoire du cinéma et à la fois me documenter auprès de gens qui sont dans ce milieu-là et qu'on connaît mal. Donc, j'ai essayé de rencontrer des braqueurs, un policier de la brigade de la répression du banditisme. Ce que m'ont raconté les braqueurs m'a fait halluciné, parce qu'on se fait des idées sur ce milieu-là, et quand on entend des histoires vraies, c'est forcément très différent. C'était très utile d'avoir des récits de gens qui ont vécu cela. Pour écrire le scénario, je me suis beaucoup appuyé là-dessus, et en même temps, c'était vraiment au service d'une histoire de cinéma, et pas une histoire réelle.

- Pourquoi avoir choisi une musique qui flirte avec le jazz ?

- On s'est beaucoup posé de questions sur la musique avec Loïk Dury qui, depuis trois films, travaille avec moi - il a fait Peut-être et l'Auberge espagnole avant - et là, on s'est dit qu'il y avait des écueils à éviter. Le rap c'était le plus évident. Le film d'Akhenaton était le seul exemple, d'ailleurs (Comme un aimant), de film de genre qui était réussi. Et en même temps, j'avais plus envie que ça fasse référence au jazz. A un moment, je me suis posé la question du groupe St-Germain... et finalement j'ai préféré travaillé avec Loïk Dury, que je connaissais bien. Il y a donc cette tendance d'un jazz modernisé, actuel - entre le trip-hop et le jazz. Du coup, on a fouillé cette direction. Il y a un des morceaux que je trouve extraordinaire : le mariage du reggae et du tango. Je ne sais pas comment Loïk a réussi à faire ça...
Au final, ça a donné quelque chose d'inscrit dans une histoire musicale, mais en même temps de très novateur... Décidément, il est très doué (Rires). J'adore ce qu'il a fait en tout cas.

- Pourquoi avoir choisi Vincent Elbaz pour le rôle principal ?

- C'est après Peut-être que j'avais été halluciné par la force qu'il avait. Il a un tout petit rôle dans Peut-être, et à chaque fois qu'il apparaît à l'écran, il y a une espèce de décharge : Vincent a une espèce d'énergie incroyable, qui, dans Peut-être est au service du comique. Et j'avais vu dans Un pur moment de rock'n roll à quel point cette énergie qu'il a en lui peut être dramatique et très flippante. Sachant qu'il avait envie de jouer un voyou, je me suis dit qu'on l'imaginait pas du tout dans cette peau-là et qu'il était franchement capable, beaucoup plus que d'autres acteurs, de jouer ce rôle. En travaillant avec lui, je me suis rendu compte encore plus de son énergie contenue qui le rend plus effrayant que quelqu'un qui va être hystérique ou qui va être violent de façon évidente. C'est en fait quelque chose d'assez proche, au point de vue du jeu, de Chabert dans Le péril jeune, sauf que c'était au service du grand con comique, alors que là, il s'agit d'un personnage dramatique.Et je savais qu'il en serait capable.

- Dans le film, Marie Gillain est caméraman, mais elle a envie d'autre chose, lassée par son travail, qui, au départ, est censé faire rêver... tout comme le vôtre ?

- Oui, oui. D'une part, je pense que ce métier est devenu moins glamour qu'avant, et d'autre part, quand on essaie de renouveler les choses, c'est toujours pareil : plutôt que de prendre une fille d'une cité ou une fille à la dérive, au chômage... J'ai dit qu'elle était normale, en fait. Ce qui est intéressant dans l'histoire, c'est de voir comment quelqu'un de normal peut passer du côté obscur. Si elle était trop marginalisée, l'histoire était moins intéressante au final. Donc là, j'ai pris quelqu'un de "normal". En tout cas, une personne qui gagne bien sa vie, qui a pas de problèmes d'argent. Et le choix de caméraman est venu pour des raisons évidentes : c'est l'histoire de quelqu'un qui regarde les choses de loin et qui va être amené à devenir actrice.

- Est-ce qu'il y a un lien entre commettre un crime et filmer à la caméra ?

- (Rires). Bonne question... Un peu. Je crois que filmer avec une caméra... Moi j'ai toujours essayé dans tous mes films que ça soit des petits crimes. C'est à dire il y a toujours un moment où ça fait mal un peu. On est bien d'accord : ce n'est ni un meurtre, ni un cambriolage. Mais j'ai essayé de voir à quel point c'est proche en tout cas, parce qu'il y a quand même beaucoup de proximité entre le milieu du cinéma et celui du banditisme. Quand on regarde ce qu'est un braquage, c'est un casting, des repérages, on essaie de gagner beaucoup d'argent... Puis on essaie de s'en sortir, c'est dangereux. C'est dans ce sens-là qu'on peut parler de petit crime : il y a une notion de danger dans un long-métrage. Pour moi, c'est la prise de risque qui caractérise le cinéma ; ce n'est évidemment pas le même genre de risque que lorsqu'on braque une banque, mais il y a une décharge d'adrénaline. On essaie aussi d'avoir une vie exceptionnelle. Je pense que le désir est le même chez le braqueur et chez le réalisateur ou l'acteur - de ne pas mener une vie comme tout le monde.

- Dans ce contexte de discours sur l'insécurité, où par exemple Taxi 3 s'est fait rappeler à l'ordre, n'avez vous pas peur que le film soit mal interprété par les jeunes ?

- Non, parce que je pense que le film est très clair sur ce qui est bien et ce qui est mal. Au contraire, dans Taxi 3 il y a une vraie banalisation de rouler vite et de faire le con. Moi justement, j'essaie de pas banaliser ça et de dire que la mort de quelqu'un, c'est horrible. Je pense que le film est assez clair pour ça. Par exemple, je crois pas que le film pousse les gens au vol de bijouterie. Je parle de la fascination que tout le monde a sur ça, mais je pense être très clair sur le fait de ne pas inciter les gens à le faire.
Je crois que c'est ma responsabilité de réalisateur d'en parler, plutôt que de ne pas en parler. On peut évidemment passer sa vie à raconter l'histoire de gens qui s'offrent des fleurs, ça ne va aider ni le problème de la délinquance ni celui du grand banditisme. Il y a des façons d'en parler. Et justement, j'ai fait ce film parce que ça n'est pas en évitant de parler de la violence qu'on évite la violence, au contraire... Donc c'est très important d'en parler et de parler des hors-la-loi, des braquages, des choses interdites ; il faut parler de l'interdit et surtout pas censurer ça dans les films ou dans la presse.

- En tout cas, on peut parler d'un polar à la française qui est réussi.

- C'était très difficile de parvenir à quelque chose d'authentique : avec beaucoup moins d'argent que les américains, sur un terrain où eux sont champions... Et puis c'est toujours pareil, nous on a pas de pétrole (Rires). On est pas du tout sur le même terrain : eux, c'est pas deux fois plus cher, c'est dix fois plus cher. Par contre, c'est vrai que ce genre-là était souvent déserté en France, parce qu'on se dit "on va avoir l'air ringard". Une voiture de flics, elle est directement ringarde en France. Donc ça devient difficile d'aborder ce sujet.

Propos recueillis par Houmann Reissi et Olivier Bruaux © www.cinephoto.net ® TM