 Rien ne va plus plus pour Jean-Claude: livreur de pizza et mime-statue, il vient de se faire larguer par sa copine qui ne supportait plus de vivre ainsi. Par chance, Jean-Claude reçoit le soutien de ses amis pour reprendre du poil de la bête. Il rencontre par hasard la troublante et fracassante Marianna. Interview de Didier Tronchet
par Christophe Dordain, Olivier Bruaux et Houman Reissi.
C'est qui le nouveau Jean-Claude?
C'est une façon de dire qu'on n'est plus dans le Jean-Claude de la BD. C'est un peu l'équivalent cinématographique de l'ancien qui n'a pas le même vécu, qui porte des doudounes et une mèche. Ces codes étaient handicapant pour adapter l'univers de la BD.
Vous pensiez depuis longtemps à faire cette adaptation?
Non mais beaucoup de producteurs m'ont demandé si ça me tentait et je leur ai fait confiance.
C'était plus une occasion qu'un rêve alors?
C'était d'abord un rêve. Tous les techniciens sont au service du film et les acteurs viennent donner leur propre couleur non prévue à l'histoire. On croit tout de suite au personnage mystérieux de Jean-Claude et en dessin j'ai du mal à capter le personnage féminin car je ne dessine pas bien les filles.
Quelles ont été vos priorités pour faire ce film?
On a la grande cavalerie pour le film, le comique en demi-teinte qu'est Darry Cowl et Mathieu Demy qui ne l'est pas. Mais il prend en charge le reste du film.
Certains éléments du film sont-ils autobiographiques?
Bon, je dois faire des confessions publiques. Je n'ai pas directement connu la bouteille de verre! Mais une fois dedans, il y a un effet de ventouse et là c'est soit les urgences, un grand moment de solitude, ou vivre toute une vie avec une bouteille. Mais j'avais plutôt entendu parler du sachet rempli de nouilles chaudes, mais c'est mieux avec une femme!
Quelles étaient vos priorités pour faire passer l'humour
J'ai demandé si Darry Cowl pouvait faire le film en me disant que s'il était encore vivant ça serait super!
Il a ce mystère inquiétant.
Adapter une BD au cinéma vous semble positif ou négatif?
La BD est plus caricaturale et je force le trait. Ma faiblesse est le manque de nuance et le cinéma me l'apporte.
Parlez-nous des sentiments dans votre film.
C'est quand même une comédie et mon premier impératif était d'être drôle. Quand le rire est là, on peut se permettre de glisser des moments un peu tristes et ambigus.
Richard Berry était tout indiqué pour ce rôle de macho avec des répliques bien gratinées?
Oui, je voulais éviter la catastrophe avec un film qui se vautre dans la gaudriole. Berry reste élégant dans le côté odieux du personnage mais personne n'est dupe, il joue dans la caricature.
D'ailleurs, c'est un personnage pathétique.
Oui, il s'effondre.
Jusqu'où êtes-vous aller puiser dans la BD pou faire du neuf à partir de l'ancien Jean-Claude?
J'ai gardé l'esprit d'un personnage qui a du mal avec les filles. On ne sait pas comment avoir accès à ce personnage fascinant qu'est la gonzesse. Vers 14-15 ans, elles s'échappent et commencent à avoir un discours incompréhensible et c'est cette zone où le garçon a plus de sentiments.
Pourquoi avez-vous choisi Clotilde Courau pour incarner le personnage féminin principal?
Elle ne s'est pas imposée, s'était une évidence tout de suite. On n'a pas eu à se torturer ou à refuser des gens. Elle avait ce côté fascinant de ce personnage mystérieux.
D'où vient le côté boulimique de Bob dans le film?
Tous les personnages sont un démultiplié de l'ancien Jean-Claude. C'est le même paradoxe que le métier de statue: il est figé, on lui annonce un malheur et ne peut pas bouger. Bob livre des pizzas et il ne peut pas les manger. Ces personnages se sortent toujours de pièges comme ça. Le personnage de Clotilde a ce désir de se rapprocher de ses parents et veut en même temps s'en séparer. Ce sont des situations proches de moi et que j'ai vécues. Jean-Claude est un prénom ridicule et le tergal une matière pas chère.
Comment avez-vous eu l'idée de ce personnage triste qu'est la chef de thérapie?
La question est comment rire avec le drame? A priori c'est sinistre et cette femme est aussi fragile qu'eux. Mon sentiment pour qu'ils se sortent d'affaire, il leur faut se déplacer légèrement et faire un va et vient entre les deux et c'est très vertigineux. Tout tas de flan qu'elle est, c'est aussi un être humain.
Est-ce une façon de démystifier le psy?
C'est possible mais je voulais créer des situations présentes sur des thèmes qui me sont chers.
Vous nous proposez une bande son très originale, comment l'avez-vous choisie?
J'ai rencontré les Wriggles qui font des chansons à la sauce Charlie Hebdo. J'ai pensé à eux surtout pour jouer dans le film notamment dans la scène des mexicains dans le restaurant.
Interview de Clotilde Courau
     
|
L
a
b
a
n
d
e
-
a
n
n
o
n
c
e |
