PAS SI GRAVE de Bernard RAPP

En présence de Bernard Rapp et de son producteur.
  
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 genre: hispaninitiation (Distribution Pathé)   Durée: 1h41  Sortie 5 mars 2003


Jazz Rapp.



  Pablo, ancien combattant de la guerre d'Espagne, se sent sur le point de mourir.
Il envoie alors ses trois fils adoptifs, originaires de Liège, sur les traces de son passé mouvementé. Ces derniers croiseront sur leur route deux vieux anarchistes manipulateurs, un capitaine de la Guardia Civil étrange à bien des égards, un ancien toréro tenancier de bistrot ainsi qu'un commandant qui confond sa caserne avec un opéra. Charlie, l'un des trois frères, trouvera l'amour aux côtés de la belle Angela, tandis que les deux autres trouveront un sens à leur propre vie.

une comédie d'initiation chaudement colorée au pays de Cervantes où nos trois héros apprenent à se battre contre les moulins de la vie, de l'amour.
Romain Duris (L'auberge espagnole) en dieu de la trompette, roufflaquettes et Gomina donne le tempo à cette partition parfois très touchante. Sami Bouajila et Jean-Michel Portal forment un duo proche de l'unisson lors d'une scène d'aveu mémorablement belle à en pleurer. N'oublions pas la beauté dévastatrice de ....véritable ambassadrice de la chaleur de l'espagne. Pas si grave est un bon film, rhytmé qui ne manquera pas de vous faire swinger.

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INTERVIEW DE BERNARD RAPP
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Cinephoto : De quoi parle ce film ?

Bernard Rapp :…Il parle de beaucoup de choses…C'est l'histoire de trois jeunes gars qui avaient une drôle de vie, ce sont trois jeunes enfants qui ont été adoptés à l'âge de 5 ans, qui ne vont pas bien dans leur tête, qui ne vont pas bien dans leur vie, ils sont un peu artistes, intermittents du spectacles. Et un jour, leur père adoptif, un vieil anar réfugié de la guerre civile espagnole, leur demande comme un dernier vœu d'aller retourner en Espagne où il n'est pas retourné depuis 50 ans, pour faire un drôle de truc, un espèce de casse. En fait, ils y vont en pensant lui rendre un dernier hommage et ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'ils les envoie là-bas pour leur donner leur place dans le monde. Ils vont arriver là-bas, ils vont rencontrer des gens (les voyages formant ou déformant la jeunesse) et vont trouver chacun non pas le bonheur, qui n'existe pas, mais leur identité, au terme d'une semaine dans le sud de l'Espagne. 

Cinephoto : Pas si grave est une fable, un conte, un voyage initiatique, et d'ailleurs la voiture est un personnage à part entière. Est-ce que son côté picaresque, puisque cela se passe en Espagne, est revendiqué ? Cela vous a-t-il inspiré ?

B.R. : Oui, c'est très juste. Le choix de cette ville, Valence, n'est pas un hasard, c'est une ville très mélangée, très folle. Et le côté picaresque apparaît, je crois, dans les personnages, quand on rencontre Manolete, quand on rencontre cette fille splendide qu'est Angela, quand on rencontre les vieux crabes qui sont restés la bas, les vieux bonshommes, effectivement il y a un côté picaresque. Et ce n'est pas par hasard si dans le film il y a des petites allusions, légères ou revendiquées, à Almodovar, qui quand même dans le genre picaresque actuel n'est pas mal ou à Bigas Luna qui l'est encore plus ! Bien sur que cela intervient. On ne peut jamais tourner dans un pays quel qu'il soit, sans être en appui sur sa culture. Non pas la culture du metteur en scène mais la culture du pays où l'on est. 

Cinephoto : Pas si grave s'appuie quand même sur des faits personnels, des choses véridiques, qui sont colorés, teintés par ce côté picaresque

B.R. : Oui, 80% des histoires qui interviennent dans l'histoire elle-même (puisque la narration, c'est quand même la manière dont ces jeunes changent à travers ce voyage) et les rencontres qu'ils font, sont soit des situations qui me sont arrivées, soit des situations dont j'ai été le témoin. Comme l'histoire de ce chirurgien, que je connais bien, qui a fait toutes ses études en travaillant aussi dans la boucherie de son père ! Tout cela relève de la comédie mais aussi de la comédie de la vie. 

Cinephoto : Après un Tiré à part un peu british, Une affaire de goût à la française, on entre dans l'ambiance chaleureuse de l'Espagne

B.R. : Je ne voulais pas être abonné ni au film noir, ni au côté : « tiens, Rapp va encore nous mettre une casquette de Sherlock Holmes puisqu'il est de là-bas, puisqu'il est anglais », ce qui n'est pas vrai, ce qui est une légende. Et donc, pour écrire une comédie, j'avais envie qu'elle soit sudiste, et j'avais envie qu'elle soit en plus du côte espagnol, tout simplement parce que c'est un pays que j'adore, parce que c'est une langue que je parle. Je me disais de plus que c'etait l'occasion de vraiment changer totalement de registre. En plus, c'est un film très musical, il y a beaucoup de musique ; c'est une musique qui vient du Sud elle aussi, une musique métisse. Dans la mesure où c'est un voyage vers le sud, l'Espagne m'intéressait par exemple plus que l'Italie, je voulais que la musique soit hispanisante, latino, arabo-andalouse, et cela s'y prêtait bien. Je voulais échapper un petit peu à l'étiquette de l'anglo-saxon de service. 

Cinephoto : Il y a aussi dans votre film ce foisonnement de l'art, qui fut certainement complètement bridé par le régime de Franco. Qu'est qui vous enchantait à montrer ces facettes de l'art espagnol ?

B.R. : C'est vrai qu'il y a eu un moment où une espèce de chape s'est abattue sur l'Espagne : une très très grande douleur pour les gens qui y ont vécu. Mais tout cela a complètement changé aujourd'hui, l'Espagne est un pays vivant, démocratique, avec une jeunesse engagée, drôle, très active. C'est quand même un des pays où il y eu le plus de gens pour défiler contre la guerre en Irak. Imaginez, avec un gouvernement de droite ! Je pense qu'aujourd'hui, dans l'Europe actuelle, il y a une espèce de pulsation proprement espagnole. C'est aussi pour cela que j'ai choisi l'Espagne. Et puis, c'était très bien pour tourner parce qu'il faisait vachement beau… (rires) 

Cinephoto : Au-delà de l'art espagnol, Pas si grave est un hommage à l'art en général, à l'engagement politique, finalement un hommage à la liberté

B.R. : Oui, c'est effectivement un film sur la liberté, sur la difficulté d'être libre, puisque en définitive ces trois jeunes vont trouver leur place à l'instant où ils vont assumer cette liberté. Ils partent vers l'inconnu. Et à travers ces rencontres (en rencontrant des gens qui sont encore plus libres qu'eux, comme ces très vieux messieurs qui l'ont choisie une fois pour toute, en rencontrant une très jeune femme ravissante chez qui la liberté est une exigence presque douloureuse, en rencontrant Manolete, un matador raté qui choisi de trouver sa place dans ce pays avant eux), c'est vrai que c'est un hymne à la liberté. La voiture aussi est un vecteur de liberté. De même pour la musique, avec Manu Chao, lorsqu'ils descendent en Espagne : nous avons fait en sorte qu'ils arrêtent la cassette au moment où un gendarme vient les contrôler. Il y a beaucoup de sous-texte. Il y a aussi quelque part de la difficulté d'être un enfant, ils trouvent la liberté parce que ce voyage les fait grandir. Ils ont beau avoir une trentaine d'années, quand ils arrivent là-bas, ils continuent de grandir. 

Cinephoto : Quelle a été votre démarche pour montrer justement ces étapes franchies, ces progressions chez ces personnages ? Quel point de vue avez-vous choisi ?

B.R. : Je ne sais pas bien quoi répondre à cette question car je n'ai choisi aucun point de vue particulier mais j'ai choisi une manière. La manière, dans la mesure où les trois héros se modifient complètement en 1h 40. J'ai choisi simplement de ne jamais montrer ce changement, cette différence, sur chacun d'entre eux personnellement, mais toujours dans le regard des autres (c'est-à-dire toujours le regard que les frères portent sur l'un, que l'un porte sur les frères) qui montre ce qui s'est passé. C'est tout le choix, la méthode, la manière d'avoir mis en scène ces personnages. Donc c'est moins un point de vue qu'un lieu pour regarder : un point de vue au sens géographique du terme, c'est-à-dire que je voulais toujours que les blessures de l'un apparaissent dans le regard de l'autre, que les hésitations de l'autre apparaissent dans le regard de l'un, comme dans cette séquence entre Jean-Michel Portal et Sami Bouajila. Il y a un effet de reflet, de miroir. 

Cinephoto : C'est aussi un film sur la famille et l'amitié.

B.R. : Le concept de l'amitié, c'est fondateur de nos vies, bien sûr. Dans ce film, il y a cette amitié de plus de 50 ans entre deux vieux messieurs qui ne se sont quasiment plus parlé depuis plus de trente ans. Un moment, un personnage dit : « Pablo est toujours là » et il montre son cœur. Et c'est vrai ! Et puis je crois que quand on a vécu des choses aussi fortes qu'une guerre, qu'un engagement politique, il y a quelque chose d'inoubliable qui demeure. C'est cela que je voulais dire... Vous savez, c'est drôle car il y avait les trois comédiens qui ne se connaissaient pas bien auparavant. Cela marchait bien sur le tournage pour les trois personnages. Mais hors du tournage, ils étaient inséparables, il y a eu une vraie amitié qui s'est installée, c'était un peu miraculeux. 

Cinephoto : De l'avis de tous, le tournage s'est déroulé dans une atmosphère assez détendue, à laquelle vous n'êtes pas étranger.

B.R. : Non, parce que j'aime ça. Vous savez, quand on fait du cinéma, d'accord c'est lourd, d'accord c'est chaud, d'accord on ne dort pas beaucoup, mais ce n'est pas la mine. C'est vachement bien de faire du cinéma ! Donc tant qu'à faire, autant le faire dans le plaisir. Moi, c'est ma manière et puis, c'est comme ça que je vois la vie, c'est pour cela que j'ai fait un film optimiste aussi. Mais je ne conteste pas pour autant que d'autres le fassent autrement. Pialat, qui souffrait beaucoup et faisait beaucoup souffrir les autres, accouchait dans la douleur et a pourtant fait des films admirables… 

Cinephoto : Par rapport à vos films précédents, Pas si grave est un film plus léger, moins troublant, même si la douleur est présente.

B.R. : Oui, oui, c'est très vrai. C'est un film qui joue encore sur la manipulation et l'ambiguïté mais beaucoup moins que dans Une affaire de goût, qui était un film vraiment violent à sa manière. Mais Pas si grave, je l'ai vécu, je l'ai voulu comme un conte, comme une comédie, ça aurait pu être une comédie musicale : ils auraient pu s'arrêter au bord de la route et se mettre à chanter… ça n'a pas été le cas parce que ce n'était pas l'idée et parce que je ne sais pas le faire… Mais en même temps, si vous le revoyez, vous découvrirez derrière beaucoup de choses, il y a énormément de sous-texte, il y a énormément de citations, de choses importantes qui n'apparaissent pas la première fois. Je n'ai pas voulu que ce soit un film où l'on réfléchisse, j'ai voulu que ce soit un film qu'on reçoive et quand les gens me disent : « on sait qu'on va être bien cette semaine, on est regonflé », je suis content, tout bêtement. C'est ça l'idée, un petit moment de bonheur dans un monde de brutes. C'est vrai qu'il y a pas d'autres ambitions. 

Cinephoto : Le titre du film Pas si grave porte un message positif, même si dans le film, il y a ce côté douloureux...

B.R. : Oui, c'est exactement ça : mais ce n'est pas si grave. Ce n'est jamais si grave. C'est cela que ça dit, parce que le film véhicule beaucoup de choses lourdes, sur la filiation, sur l'identité sexuelle, sur qu'est ce qu'un artiste, qu'est-ce que la dette aux parents. Il y a beaucoup de choses comme ça qui auraient pu faire un grand film social mélo mais moi j'ai voulu en faire une comédie, quelque chose qui surfe sur la crête des choses et qui n'en montre non pas que le côté positif des choses, mais le côté qui permet de prendre de la distance. C'est pourquoi j'ai mis tant de musique, si métissée. 

Propos recueillis par Alessandro Di Giuseppe et Olivier Bruaux © www.cinephoto.net ® TM

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