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Le ventre de Juliette

notre avis: un bon film

Genre: tragi-comédie initiatique | Distr.: Euripide
Durée: 1h32 | Sortie: 22 janvier 2002

 

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Filmographie

MARTIN PROVOST
2001 Le Ventre de Juliette
1996 Tortilla Y cinema
J-M. PARMENTIER
2001 Le Ventre de Juliette
2001 Marie-Jo et ses deux amours
2000 La Ville Est Tranquille
2000 Les Blessures assassines
2000 Beauté Fatale (TV)
1999 La Vie ne me fait pas peur

Les Hirondelles d'hiver

1998 Le Choix d'Elodie


 

 

 

Interview dirigée par A. Di Giuseppe et O. BRUAUX

Vous avez l'habitude d'interpréter des personnage fougueux, énergiques qui boillonnent de l'intérieur. Est-ce que c'est le type de rôle que vous recherchez?

J-M. P.
: Oui, c'est des rôles entiers, c'est beaucoup plus intéressant à jouer. Ça peut être intéressant de jouer des personnages morcelés aussi mais c'est vrai que des rôles complexes c'est toujours plus intéressant pour une comédienne parce que il y a beaucoup de choses à exploiter. Il y a beaucoup de choses à jouer, beaucoup d'émotion, donc c'est plus nourri.

Ça vous demande plus de spontanéité ou à l'inverse plus de rigueur?

J-M. P.
: La rigueur…je suis quelqu'un de très rigoureuse, donc je l'ai pour toutes les choses de la vie mais en même temps la rigueur n'empiète pas sur la spontanéité. Je travaille avec les deux mais en même temps on peut donner l'impression d'une spontanéité alors que ça a été très travaillé. Pour La Vie ne me fait pas peur (1999) de Noémie Lvovsky, j'ai débuté avec ça, tout le monde a cru que c'était improvisé et en fait c'était très très très très travaillé. Il y a eu beaucoup de prises, on répétait beaucoup. Pour Juliette, ç'était différent, y'avait moins de prise, ça a été plus vite mais la spontanéité était là.

Martin Provost : Avec Julie-Marie, ce qui est fascinant c'est en effet cette spontanéité incroyable mais qui vient d'une rigueur de préparation évidente et d'un travail personnel évident. Elle est très puissante. Dès le début, j'ai été très impressionné, c'est une actrice qui travaille en amont. Elle n'arrive pas sur un plateau au hasard. Il y a une préparation très importante qui fait que justement la spontanéité peut avoir lieu, le miracle peut avoir lieu parce que le miracle n'est pas lié à quelque chose qui lui échapperait mais à quelque chose qui est totalement construit, totalement pensé et qui du coup est une forme d'essence comme ça du personnage.

Et comment se passe votre préparation?
J-M. P.
: Ça dépend des tournages. Il y des tournages où on sait qu'on est pris deux ou trois semaines avant donc là on n'a pas beaucoup le temps de travailler avant et pour Le ventre de Juliette, je l'ai su assez tôt avant le tournage et j'ai lu beaucoup de livres sur la grossesse, sur les bébés, tout ça. J'ai lu un livre très bien d'un docteur qui est Devenir mère de Jean-Marie Delassue qui est un livre magnifique.

M. P. : En fait ça ne s'est pas passé comme ça. Tu m'as dit "il faut que je te parle d'un bouquin que j'ai trouvé dans une librairie" et c'était celui-là.

J-M. P.
C'était le même! Ça commençait bien. Je travaille comme ça mais c'est un travail qui est plus instinctif c'est à dire que on ne peut pas jouer ce qu'on a dans la tête, déjà, nous on ne sait pas ce qu'on a dans la tête, c'est assez complexe ce travail. C'est pour ça que la spontanéité, ça rejoint ça. C'est à dire qu'il y a toutes les choses inconscientes qu'on peut engranger et on les ressort quand on tourne mais après la rigueur intervient puisque le réalisateur nous dirige d'une manière ou d'une autre. Donc là la rigueur intervient et on peut donner l'impression d'une spontanéité mais qui en fait est travaillée. C'est ce qui m'intéresse.
De toute façon vous avez choisi deux acteurs très physiques avec Stéphane et Julie-Marie. On se souvient de la scène du rideau de fer.

M. P. : Oui, tout à fait, je voulais vraiment des acteurs physiques, charnels et Stéphane a cette qualité là, c'est un acteur dont le corps parle et avec Stéphane c'était différent parce qu'il a aussi énormément de rigueur mais, une fois qu'il est parti dans quelque chose, il est pas moins malléable mais, en fait Stéphane est tout d'un bloc, il est comme son corps en fait. Donc, il suffit juste de lancer un peu la chose et hop ça vient tout seul et ça s'éloigne pas complètement de lui. Tandis que chez Julie-Marie, il y a plus de déviance, plus de surprise possible quelque fois, donc on peut pousser le bouchon un petit peu plus la mettre un petit peu en péril et hop d'un seul coup, paf, paf, il y a des trucs qui apparaissent. Il y a des petites choses en plus, des détails.

J-M. P. : Mais j'essaie toujours d'apporter un plus, quelque chose qui va faire que les gens quand ils seront assis, ils oublieront. Ils oublieront pourquoi ils sont venus au cinéma, ils oublieront leur vie. Je veux qu'ils rentrent dans le film donc j'essaie toujours de créer des choses qu'on voit pas forcément dans la vie, qui sont subtiles d'une réaction à l'autre pour qu'ils ne voient pas les choses arriver. J'aime bien faire ça.

Qu'avez-vous à dire sur la poésie qui se dégage de certaines images?
J-M. P.
: Je l'ai tout de suite ressentie dans le scénario, alors que pourtant dans le synopsis, ce n'était pas écrit. C'est vrai que quand j'ai passé les essais, j'avais juste le résumé du film qu'était: une jeune fille tombe enceinte et qui se bat conte son copain, contre sa mère, sa sœur. C'était pas forcément évident mais en rencontrant Martin, j'ai tout de suite vu que ça allait être autre chose et la poésie est déjà dans le personnage de Juliette, elle est déjà dans le bébé, dans le ventre. Il suffisait de rentrer vraiment dans le scénario pour voir que la poésie était là. Et donc dans le film ça explose, parce qu effectivement on peut mettre de la poésie partout, en même temps dans les personnages, dans la musique, dans la manière de filmer, dans les décors. Donc là c'est beaucoup plus que des papiers, des écritures. Moi, j'aimerais faire que des films poétique, c'est quand même ce qu'il y a de plus beau. C'est vrai, on est sur terre, pas pour longtemps. Si on peut voir des belles choses, c'est mieux.

C'est vrai qu'on retrouve dans les dialogues, la nostalgie d'un état de grâce insouciant de la mère et de Juliette.

J-M. P. : Oui, ça parle d'une naissance, d'une chose dont on vient tous. On vient tous d'un ventre; c'est pas anodin, ce n'est pas facile, ce n'est pas quelque chose de banal. En même temps c'est banal, mais c'est tellement difficile et on ne sait pas ce qu'il s'est passé avant, après, en fait on ne sait rien.

C'est pour cela que Juliette a besoin de rechercher ses racines, de savoir qui elle est avant d'être mère?

J-M. P.
: Oui, je pense que c'est important.

Les deux personnages sont très jeunes et n'en n'ont pas fini avec leur déboires familiaux. Pensez-vous qu'avant d'avoir un enfant, l'idéal serait d'en avoir fini avec ses problèmes familiaux?

M. P.
: Je ne sais pas si on en finit jamais! Mais, en tout cas, je pense qu'il faut avoir mis les mains dedans déjà. Je crois qu'il faut avoir retroussé ses manches et un peu regardé d'où on vient et ce qu'on peut projeter dans l'avenir. En effet, c'est une des premières tâches à faire, c'est la maïeutique de Socrate, il faut un peu s'accoucher soi-même avant de donner vie à quelqu'un d'autre mais il n'y a pas de règle en même temps. On peut faire aussi un enfant à 15 ans, mais de toute façon ses questions là se posent tôt ou tard et on peut décider de ne rien savoir et à ce moment là il y a les accidents arrivent. Il y a tellement de choses qui peuvent se passer simplement par l'inconscience alors que si on essaie de grappiller un petit peu de conscience, la vie prend un autre sens.

Jusqu'où êtes-vous aller chercher dans la psychanalyse? Parce qu'on a l'impression qu'avec le personnage de Tom Novembre, le complexe d'Oedipe se réalise à travers ce désir envers la figure paternelle. Ça vient d'où?

M. P. : De la psychanalyse. J'ai pensé à quelque chose qui m'intéresse, puis je pense que toute création est tôt ou tard liée à ça. C'est un peu le même travail et en, ce qui concerne le personnage de Tom, la question qui a été posée souvent: est-ce qu'il y a passage à l'acte? Pour moi c'est clair qu'il ne pouvait pas y en avoir. Et c'est vrai que certains auraient préféré, le film aurait été un peu plus croustillant mais je serais passé à côté du film si j'avais cédé à des trucs plus faciles. Parce qu ce n'est pas évident de trouver la juste relation entre ces deux personnages et de ne pas aller vers une facilité cinématographique.

Parlez-nous des rôles secondaires qui sont à la fois tragiques et grandiloquents comme le personnage de Carmen Maura ou certains personnages plus poétiques et apaisants comme ceux de Marianne Ascaride et Tom Novembre?

M. P.
: Le film est construit de telle façon que les personnages centraux, joués par Julie-Marie et Stéphane Rideau , qui ne sont pas des personnages de comédie. C'est une histoire tout à fait normale, si on veut, ils sont pris dans une action qui les dépasse et il fallait créer autour des personnages qui éclairent un côté ou assombrissent un autre côté. Les personnages de Patrick Chesnay et Nathalie Richard ont été écrit comme ça. Ce sont des personnages de comédie et je voulais par la casting surtout ne pas sombrer dans la comédie pure, boulevardière. On n'aurait pas eu le contrepoids à ces deux personnage de Juliette et Stéphane. Nathalie Richard et Patrick Chesnay ont cette capacité là au drame et dans la vie. Ceux sont des gens qui me touchent, ceux ne sont pas des comiques. Nathalie Richard, on ne l'a jamais vue très très drôle et Chesnay, je trouve qu'il a un truc complètement pathétique, il a l'air comme ça, est-ce qu'il est vraiment sur terre ou pas? C'est vrai que le couple a merveilleusement bien fonctionné et c'était un régal.
En ce qui concerne Tom Novembre et Ariane, pour moi ceux sont comme des anges, ceux sont les possibilités positives de Stéphane et Juliette. C'est à dire, ils sont là à la naissance. C'est vrai qu'il y a quelque chose de cet ordre là, d'une fois en l'humain. Tout n'est pas dégueulasse, tout n'est pas noir. Alors ça peut paraître simpliste pour certains, c'est un reproche qu'on peut me faire. Moi, je ne crois pas, c'est plutôt lumineux, mais chacun s'y retrouvera.

Vous aviez tout de suite su pour la musique en entendant Edith Baudran jouer au piano. Avez-vous la sensation qu'à l'image du film et de Juliette que le son peut sonner mal et peut devenir lumineux et que ça peut donner un bel air de musique?

M. P. : C'est très juste ce que vous dites. Oui, c'est ce qu'on voulait, que se soit un peu comme une comptine qui tourne mal et petit à petit ça glisse comme ça.

J-M. P. : J'ai toujours vu ça comme une très belle musique. Ma première impression est une musique très belle et très pure. Et c'est ça qui est paradoxale et marrant, tu le ressens que c'est dissonant.

Que vouliez-vous montrer avec le personnage de la mère joué par Carmen Maura par rapport à tous ses souvenirs et cette nostalgie du succès de son enfance?
M. P.
: C'est le thème principal du film au départ. Je suis parti de ça et de Juliette. Mais le face à face avec la mère était fondamental dès le départ. Mais comme j'avais écris le rôle pour Carmen avec qui j'avais déjà fait mon premier film, je savais déjà que c'était ça. En ce qui concerne la construction même du personnage, il y a eu plusieurs phases en fait parce que je n'imaginais pas qu'elle se travestissait. Et puis en parlant avec Carmen, on en est venu à construire ce personnage schizophrène. Au fur et à mesure du travail sur les costumes, on s'est rendu compte que ça pouvait être une donnée intéressante. C'était un risque, parce que c'est case-gueule et puis en même temps Carmen est capable de faire ça. Il n'y a pas beaucoup d'actrices qui peuvent le faire.

Le danger était que le spectateur n'y voit que le côté comique…
M. P.
: En fait, là-dessus, Carmen a su vraiment apporter cette dimension tragique comme ça, pathétique du personnage. On a travaillé longuement parce qu'avec elle il fallait travailler la langue . Elle était terrifiée, elle disait "Je vais être ridicule!". Le premier jour, elle est arrivée et il y avait plein de gens dans la rue et Carmen m'a dit "mais Martin, je suis complètement ridicule" et elle m'a dit "Tu sais pendant tous les déjeuners, je me suis retrouvée toute seule, personne ne me regardais parce qu'il croient tous que je suis comme ça!"
C'est là que je mes suis rendu compte que c'était gagné, que Carmen qui est une actrice très espagnole, qui peut être très théâtrale, il fallait faire gaffe à ne pas sombrer dans un truc totalement fabriqué, tout en gardant un peu de pittoresque en étant dans une tragédie.

D'où vient la source de votre histoire, les dialogues?
Au départ, c'était une nouvelle, et puis j'avais envie d'un faire un film. J'ai commencé à écrire un premier scénario seul et puis j'ai signé avec Didier Bougeart, le producteur. Ça a été très long.

Vous vouliez délivrer un message à la jeunesse, sur la sexualité?
Je ne pense pas qu'on puisse se protéger contre la vie et je crois que le film dit non, ne vous protégez pas, mais soyez lucides, soyez conscients". Le propre de la poésie c'est de ne pas vouloir asséner quoi que ce soit et c'est de laisser chacun libre de voir ce qu'il veut. Et puis surtout s'y trouver sa propre histoire. Je suis heureux quand quelqu'un vient me voir et me dit "ah, c'est ce que j'ai vécu", et je pense que à partir du moment que ça touche quelque chose d'universel, que ça vous touche vous, je crois que ma mission est remplie.

Quelle expérience avez-vous au théâtre, Julie-Marie?
J-M. P.
: J'ai fait beaucoup de théâtre, j'ai commencé à neuf ans, j'ai fait beaucoup de théâtre amateur et j'ai aussi passé un bac option théâtre. Je pense que je ferai les deux, je fais les choses comme elle viennent, je ne me donne pas de délai.

Quels sont vos projets?
M. P.
: J'ai commencé à écrire un autre film.

J-M. P. : J'ai le film de Dominique Caprera avec Miou-Miou et Jean-Pierre Léaud qui est en fin de montage. Je joue une autiste qui ne parle pas et qui va se mettre à parler, encore un autre accouchement.

Propos retranscrits par Olivier BRUAUX.

 

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De Martin Provost

AVEC

J-M. PARMENTIER
Carmen MAURA

Tom NOVEMBRE
Patrick CHESNAIS


 


Le coucou de Tom.

 

 

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