IT'S ALL ABOUT LOVE
de Thomas Vinterberg

Claire Danes, Joachim Phoenix, Sean Penn

  
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l'avis de cinephoto: 4/4

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 genre: chef d'oeuvre (Distribution: pathé)   Durée:  Sortie juillet 2003

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Notre Père qui êtes aux cieux...

Synopsis : L'histoire se passe pendant la canicule de l'été 2021, au mois de juillet. La première image est celle d'un avion en vol ; on entend une voix off, celle de John Marczewski (Joachim Phoenix), qui va nous raconter "les sept derniers jours" de sa vie. John passe par New York, avant de rejoindre Calgary, pour faire signer les papiers de divorce d'avec sa femme, Elena, patineuse artistique de renommée mondiale. Tous deux sont d'origine polonaise. Arrivé à l'aéroport de New York, John a la surprise de ne pas retrouver son épouse mais deux des employés de la Ice International. Il leur demande de lui réserver une place sur le vol du lendemain, mais il ne le prendra pas de si tôt. Il retrouve Elena et son frère Michaël, qui avait organisé la première rencontre entre sa sœur et John quand ils étaient enfants. Le soir-même de son arrivée, John assiste à un gala d'Elena. Il remarque une petite faiblesse chez elle à la fin de sa performance. Quelque chose ne va pas bien. Tous deux vont découvrir une vraie conspiration
 

Notre avis : l'avis de cinephoto: 4/4 Un chef-d'oeuvre de construction sur le thème du double qui restera sûrement incompris de beaucoup de critiques, peu soucieux de gratter le vernis de la pellicule. Il s'agit là sans doute de la bar-mitsva hollywoodienne de Vinterberg qui a su utiliser toutes les ficelles des films "Dogme" pour mieux s'en affranchir. Une libération annonciatrice de va et vients entre les deux genres. Bravo.

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Dossier et étude thématique.

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               Deuxième film de Thomas Vinterberg, ce second opus semble plus doux que la scène de révélations de son précédent film Festen. Il ne faut pas s'y tromper, le film est assez sombre même si l'on peut percevoir une lueur d'espoir.

Beaucoup d'éléments sont importants dans ce film chargé de sens.

On voit sur une table, où se trouvent deux verres d'eau mais aussi une boule de neige contenant une patineuse habillée de rose, devant des montagnes enneigées. Il s'agit à l'évidence d'une représentation symboliquement identique d'Elena, prisonnière de son monde. Les montagnes ont ce caractère fantasmagorique chez elle, synonyme de sa volonté de retourner aux sources, la Pologne.
        
        Le frère de John, Marciello, interprété par Sean Penn, est à bord d'avions et écrit un rapport sur la situation du monde ; peut-être est-ce D.ieu ou un ange prophétisant? Dans le judaïsme, D.ieu note dans le Livre Divin qui doit mourir entre les fêtes de Roch Hashana et Yom Kippour.
D'ailleurs seul Marciello et Mr Morrison lisent et écrivent dans le film. Morrison est un étrange monsieur que l'on fait venir à New York ; on ne saura que plus tard pour quelle raison. Dans son carnet, il a noté la taille d'Elena 1,68 (on retrouve les chiffres de sa chambre 1268) et sa description. Il a tout l'allure d'un ange noir, désignant sa victime par un signe: il lui offre des fleurs.

        Il ne faut pas oublier de signaler que d'étranges influences cosmiques se manifestent dans le monde et en Afrique. En particulier, celui des Ougandais volants. Le fait de voler correspond à la mort certaine. En effet, un Ougandais victime de la glaciation dans son pays (en Afrique noire!) déclare "je ne veux pas voler, je ne veux pas voler", en parlant de la disparition de la gravité dans son pays. L'Ouganda se situe en plein cœur du berceau de l'humanité, tout proche de la corne éthiopienne. Son drapeau est orné d'un oiseau, la grue à crête (Regulorum gibbericeps), symbole de vol dans le ciel. De plus les bandes jaunes représentent le soleil puissant qui berce le pays de sa chaleur perpétuelle et les bandes rouges, le sang qui coule dans les veines du peuple. Or, c'est le principal problème; la glaciation du sang des humains due au refroidissement soudain de la terre.(sources: The Uganda High Commission). Serait-ce le peuple élu ayant l'immense privilège de rejoindre Dieu ou les anges. Ce n'est pas un hasard si Marciello (Sean Penn) meurt en plein vol dans son avion. Etrange coïncidence, Thomas Vinterberg déclare dans son dossier de presse: "Si l'on fait un film sur l'être humain aujourd'hui –ou demain…-"l'homme aérien" est essentiel." Quel destin nous souffle-t-il alors!
Le film est passionnant, mais laisse une impression de froid et de silence. Passons par une référence au Zohar, dans lequel les lettres de l'alphabet défilent devant D.ieu pour savoir laquelle commencera la Création. Deux lettres ne se présentent pas devant D.ieu, K et R qui forment l'adjectif KaR, qui signifie « froid», et qui désignent le Mal. Le froid va gagner John et Elena, car tous deux boivent de l'eau glacée ; en effet, John au début du film se rafraîchit en buvant de l'eau avec des glaçons, et Elena boit de l'eau juste avant que les eaux douces ne gèlent dans le monde.
Le froid de la patinoire, lieu central du conte de fée raté d'Elena, gagne le monde. On apprend que les gens meurent de solitude, et de froid, un froid qui s'empare du monde en plein été, symbole de cet individualisme et du manque d'amour. Les crises cardiaques foudroyantes s'accumulent parallèlement à ce manque de cœur qui s'installe. D'ailleurs, It's all about Love; tout n'est que question d'amour nous dit le titre. Le cœur, siège des sentiments, de l'amour, est la cible de ce fléau de glaciation soudaine. Il y a donc un rapport fusionnel entre ses fonctions physiologiques et les fonctions sentimentales qui lui sont symboliquement attribuées.
        

        Le film fait référence au clonage, au coeur, à la lutte du chaud et du froid, aux différents états de l'eau, métaphore de la vie et de l'amour. L'eau stagnante se glace, les fluides se figent, ôtant toute vie.
Le corps y est exposé comme dépossédé de son sens surtout quand il est mort. On trouve ainsi des passants enjambant des cadavres comme pour éviter une crotte de chien. Des corps gisent dans des poubelles de ville comme de vulgaires déchets devenus inutiles. D'ailleurs Elena ne veut plus vivre, justifiant sa volonté en disant "je ne sers plus à rien". L'être humain est devenu marchandise. Le corps d'Elena, qu'elle ne maîtrise plus parfaitement, est devenu une marchandise, la poule aux œufs d'or qu'on ne veut pas laisser se dépérir. Ainsi, son entourage a pris soin de préparer sa retraite en créant des doubles parfait de la patineuse. L'un de ses clônes se prénome Milica, la "dirigeante" en langue slave. Elle va reprendre le flambeau et prolonger le reigne d'Elena sur le patinage mondiale.
Le numéro de la chambre d'Elena est intéressant car il est construit sur une croissance fondée sur la multiplication par deux comme les cellules 1 1x2 3x2 4x2 :1268 et il manque la cinquième qui compterait pour 10. On peut penser qu'il y a reproduction presque génétique d'Elena. Ses doubles sont numérotées par des plaques métalliques au poignet comme des prisonnières des camps de concentration.

Plusieurs éléments convergent vers l'idée de culpabilité et d'expiation: l'omniprésence de la Pologne et d'éléments judaïques. John d'origine polonaise est docteur en littérature polonaise. Elena est d'origine polonaise. Tous deux ont vécu et se sont rencontrés tous petits sur un marre gelée en Pologne, pays au rudes hivers neigeux.
D'autre part, l'association de la neige, des matricules dans les bras des sosies rappellent les matricules des prisonniers des camps d'extermination de Pologne. Pis, La neige qui tombe fait aussi penser aux cendres des cheminées des camps de concentration (voir La Liste de Schindler), Ne serait-ce pas une manière de rappeler la très grande faute des occidentaux ayant ignoré l'existence des camps de concentration de juifs sous Hitler.

L'action se passe à Brooklyn, quartier juif de NY. Épisodiquement, des personnages de confession juive ou au prénoms judaïques interviennent: David qui dirige la carrière d'Elena, Jacob (l'enfant stoïc qui prédit la mort d'un passant évanoui), un pratiquant juif coiffé de sa kippa endormi dans le métro sauvant sa montre convoitée par un voleur.
Étrangement, les personnes de confession juive ont la particularité de ne pas souffrir des arrêts soudains du cœur. La famille d'Elena fait preuve d'une union sacrée familiale avec l'envie farouche de faire perdurer le "désir" et ce qui a de la valeur.

La notion de divinité intervient avec le personnage de Marciello (Sean Penn). Il écrit son "bilan du monde", son Livre de la Révélation. Il agit symboliquement depuis les airs et semble être en connexion directe avec John sans que ce dernier ne lui réponde. Il parle à l'un de ses fidèles, qui lui-même raconte les "7 sept derniers jours de [sa] vie". Cela ressemble fort aux sept jours de la destruction du monde, le même temps qui fut nécessaire à sa création selon La Bible. Or Marciello, "Marc dans le ciel" en italien, semble bien faire référence à St Marc, auteur du deuxième évangile, écrit à Rome vers 65. Il est donc tout à fait normal de voir Sean Penn écrire son bilan du monde dans le ciel. Il annonce à John que son avion ne peut plus se poser et qu'il va s'écraser faute de carburant. Est-ce la fin de Dieu, comme Nietzsche le proclamait: "Dieu est mort." Si tel est le cas l'homme devient alors " l'être suprême pour l'homme" comme le revendiquait Marx.

Les dates vont dans le sens de cette argument, puisque la veille de la fin du monde (suggérée) est le 31 juillet 2021, soit un samedi. Nos deux héros, sortes d'Adam et Eve déchus en quête du Paradis perdu (Cf. Milton), semblent mourir le lendemain dimanche dans un désert de neige. Une Pologne, certes blanche et pure mais loin du jardin d'Eden abondant et florissant décrit dans la Genèse de La Bible.

Le monde paraît toucher à sa fin le dimanche 1 août, jour du repos de D.ieu dans la Création. Ainsi l'histoire commence le 26 juillet, un lundi. Or on retrouve les dates de début et de fin dans le numéro de la chambre d'Elena (N° 1268) car 1 ( 1er août) et 10+2+6+8=26 (juillet). Dans la tradition judaïque, 26 est la valeur du Tétragramme (nom de D.ieu, YaHWeH), et 86 (68 à l'envers) est la valeur d'Elohim.12 du début renvoie à la rangée 21 de l'avion où est installée Marcello. (note 2)
Enfin, est-ce un hasard si la société productrice du film s'appelle "Nimbus": c'est à dire l'eau dans les airs comme les anges?
Encore une fois c'est par les eaux que la punition arrive (Noé), certes sous forme solide, mais la neige et la glace sont omniprésents dans le film. Il est évident qu'il y a des éléments importants comme la boule de neige avec la patineuse. Elena est dans sa "bulle" isolée par la force du reste du monde et John va réussir à la rejoindre mais un peu tard. La Ice International a pris la direction de sa carrière (ice pour glace). De plus la neige qui gagne le monde, représente ce désert, ce vide sentimentale qui s'étend dans le monde et l'existence des humains, signe que la vie disparaît. Cette neige malgré tout sert de purification à John et Elene lorsqu'ils s'y roulent de joie en retrouvant la Pologne. New York et ses magouilles sont derrière eux. Une nouvelle vie commence. Mais comment survivre avec cette neige qui surgit de partout comme les eaux du déluge.
La révélation de Marcellius (le vrai sens d'apocalypse) est sans appel: "le froid s'est abattu sur le monde entier."

Ce monde est en déperdition glaciale mais étrangement, tout l'entourage d'Elena vit déjà dans ce monde réfrigéré du patinage. Elle est patineuse artistique, qui plus est polonaise, pays aux hivers rudes. De plus, l'ambition de la Ice International est de conserver Elena, filon d'or qui les nourrit

Notons tout de même une lueur d'espoir venant de Marcellius, entité divine sur le déclin (Cf. Nietzsche) : "le monde est un endroit bon, John." Les deux amants entretiennent un rapport fusionnel, ils sont les seuls à vraiment éprouver de l'amour avec Marcellius. Ne pouvant plus échapper à l'avancement de la neige, ils seront peut-être amenés à quitter leur enveloppe corporelle pour voler et devenir des nimbus, des anges aimants.
Elena et John semblent un moment touchés par la grâce. Ils connaissent le bonheur de revoir leur terre natale, la Pologne. On ne sait pas si John parle de ses "7 derniers jours" de vie sur terre ou des 7 derniers jours de sa raison de vivre: sa femme qui meurt lentement de froid, telle Jack dans Titanic sans déroger à son amour. Il s'est aperçu trop tard de l'enfer que vivait sa femme. Une chose est sûre, dans son message final, Thomas Vinterberg nous rappelle à tous d'agir quand il en est encore temps.

Le jugement dernier vous appartient! Bon film par ce temps de canicule.

Michel DELOORE et Olivier BRUAUX, 14 juillet 2003

(Note 1) Zohar (Livre de la splendeur): livre fondateur de la Kabbale qui interprète le sens mystérieux de La Bible (Ancien Testament) où on parle de neige.

(Note2) En hébreu, comme pour le latin, les lettres servent à écrire les chiffres et sont équivalentes à ces chiffres. Ainsi tous les mots sont convertibles en chiffres, ce qui permet aux kabbalistes de chercher à déchiffrer La Bible afin d'y trouver des messages divins secrets.

Notre avis : l'avis de cinephoto: 4/4 Un chef-d'oeuvre de construction qui restera sûrement incompris de la plupart des critiques, peu soucieux de gratter le vernis de la pellicule. Il s'agit là sans doute de la bar-mitsva hollywoodienne de Vinterberg qui a su utiliser toutes les ficelles des films "Dogme" pour mieux s'en affranchir. Une libération annonciatrice de va et vients entre les deux genres. Bravo.

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