Critique
© Vladimir Pronier pour www.cinephoto.net ® TM
Dans cet univers de cabaret et de show, le spectacle est à couper le
souffle. L'histoire navigue sans cesse entre la réalité et le rêve. La jeune
Roxie, transforme et embellit la triste et sordide réalité en un show
étincelant, virevoltant et magique. Ainsi à part le début et la fin aucun
spectacle n'est vrai, tout est sorti de l'imaginaire de Roxie, qui
transforme le spectacle médiatique ou le spectacle de la vie en formidable
spectacle de danse, de musique et de chanson.
Alors on ne sait plus très bien si on est assis à une table d'un prestigieux
cabaret devant un spectacle plus vrai que nature ou si la réalité prend des
allures de féerie dansante. Outre de nous interroger sur où commence la
spectacle et ou s'arrête la réalité, où finit la vie et ou commence le rêve,
la sublimation de la réalité, ce parti pris est aussi un ingénieux moyen de
rendre hommage à l'origine de cette comédie musicale, née sur les planches.
Ainsi apparaissent au coin d'une image, la machine du théâtre, les rampes de
projecteurs et par des plans de coupe, le public médusé, comme nous.
Le rythme extrêmement soutenue, laisse juste le temps d'une respiration
entre deux numéros où l'on a envie d'applaudir à tout rompre. Parmi les plus
réussis, on signalera, la complainte des prisonnières, le numéro de
ventriloque et de marionnettes (encore un bel hommage au cabaret) (là Renne
Zelwegger et Richard Gere, sont sublimes), le déjà mythique Mr Cellophane,
plus qu'émouvant, et tous les numéros avec Catherine-Zeta Jones parfaite de
bout en bout.
Les numéros sont parfaitement exécutés, chantés et dansés. Bien que pour ce
dernier point, seule Catherine Zeta-Jones danse réellement. Rene ne danse
vraiment que sur le dernier morceau, et Richard Gere "e;bouge"e;. On regrettera
peut-être aussi un jeu chanté trop forcé de ce dernier, qui cabotine un
peu trop, alors que ces partenaires restent extrement justes.
L'histoire absolument immoral -l'innocente est pendue, les criminelles
encensés et les corrompus heureux- n'épargne personne, ni les policiers, ni
le spectacle, encore moins la presse, avide de sang et de sensationnel. Ainsi une
belle criminelle chasse l'autre, un meurtre plus sordide en éclipse un
autre.
Le film pose l'air de rien quelques questions. Qu'est on prêt à faire pour
devenir célèbre? Qu'est on prêt à faire pour le rester? (Tomber enceinte,
tuer?). Les stars kleenex de la real-TV devraient voir ce film et le méditer
longuement. Tout y est. Le prêt-à-tout, la presse, la fin, le sensationnel.
Décidément, Chicago est un grand film. Autant dans son histoire, dans sa
réalisation, dans les numéros de danse, dans l'interprétation (car Richard
Gere est quand même tout à fait à son aise dans le rôle de l'avocat sans
scrupule), dans le fond, dans la forme, en un mot du grand spectacle, du
très grand spectacle.
Alors si vous n'avez qu'un film à voir, allez voir celui-là.
© Vladimir Pronier pour www.cinephoto.net ® TM